Politique

Où s’origine le sentiment d’insécurité ?

Denis ColombiJe ne vais pas parler de ce que suggère le titre. Ou plutôt je vais saisir le prétexte d’un article que je devais déjà commenter pour me demander si on peut si facilement évacuer la parole des acteurs au profit de celle des savants. Étant donné que cette facilité paternaliste a été reprochée à d’autres agents dans d’autres contextes, cela me permettra de réutiliser cette critique à nouveaux frais. Vu les questions inachevées que soulève l’article, un autre viendra probablement, bientôt pour compléter celui là du point de vue de l’entreprise constante de formatage de nouveaux profs, plus dociles. Nous essaierons alors de montrer comment les réformes récentes sont des entreprises d’élaboration de nouvelles structures qui contraindront les profs à des attitudes plus prévisibles (ce qui permettra de leur laisser toute la « liberté » qu’ils veulent, parce que précisément ils ne pourront pas vouloir beaucoup). (suite…)

L’école fait-elle le jeu de la reproduction sociale ?

La question qu’on pose en générale est la suivante : l’école est-elle un vecteur particulièrement puissant de la reproduction sociale des élites ? La question a été posée (ou plutôt permise) par l’ouvrage bien connu de Bourdieu et Passeron (Les héritiers, éd. de Minuit, 1964, et La reproduction, éd. de Minuit, 1970) mais a été souvent renouvelée (C. Baudelot, R. Establet, L’élitisme républicain, Seuil, 2009 ; F. Dubet, Les places et les chances, Seuil, 2010. ; J.P. Terrail, De l’inégalité scolaire, La Dispute, 2002. ). Autant le dire tout de suite, je n’ai pas lu tous ces ouvrages, bien que connaissant Bourdieu pour l’avoir lu et pratiqué. Ce que je vais discuter c’est plutôt une certaine vision de la reproduction sociale telle qu’elle est digérée et mâchée par certaines instances qui s’occupent de l’école (ministres, ESPE… etc) et qui me paraît en contradiction avec l’observation in situ (voir aussi cet article).

D'ordinaire, on ne pense pas trop à ces héritiers-ci.

D’ordinaire, on ne pense pas trop à ces héritiers-ci.

Au début je voulais répondre à cet article : une heure de peine, le blog. Je répondrai peut-être un jour, mais en tout cas, là, j’ai complètement fait autre chose. Il s’agira de questionner modestement la pertinence du reproche fait à l’école de reproduire des inégalités sociales. Il y aura ici deux parties, l’une qu’on pourrait qualifier de sociologique, probablement naïve étant donné que je connais assez mal la littérature sur le sujet, mais je lance des pistes et si quelqu’un veut porter le feu de la contradiction, je lui en suis gré par avance. La deuxième partie sera davantage philosophique.

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Le voile rend-il libre ?

Flectere si nequeo Superos, Acheronta movebo

« Si je ne puis fléchir les cieux, je remuerai les enfers », Virgile, Énéide, VII, 312

J.-Joseph Benjamin-Constant (1845-1902) : Odalisque.

Conformément à des conseils donnés dans les commentaires, j’ai essayé d’inclure davantage de liens et de références. L’exercice n’est pas déplaisant : ça permet de faire le cuistre – vous apprécierez.Vous trouverez au cours de l’article des liens sur le sujet, et au début deux liens dirigeant vers légifrance pour savoir à quoi s’en tenir sur les deux lois dont je parle.

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Sur le sens d’une métaphore

J’aimerais examiner la métaphore que j’ai utilisée dans l’avant-dernier article (https://adroiteetagauche.wordpress.com/2014/10/28/peoples-lair-populaire-populisme-sur-lidee-que-cela-pourrait-etre-pour-votre-bien/). Je définis le peuple comme une totalité organique, c’est-à-dire que je suis partisan d’une certaine forme de holisme politique où le tout est plus que la somme des parties. (suite…)

« C’est d’âme qu’il faut changer, et non de climat » ou notule sur le progressisme techniciste.

La réflexion m’est inspiré par l’écoute des dernières prises de parole de Jean-Luc Mélenchon, candidat malheureux de la présidentiel de 2012 et homme politique de qualité, ce qui est assez rare pour être signalé, et en particulier par son intervention dans le ONPC du 18 Octobre 2014 :

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People’s lair : populaire, populisme… sur l’idée que cela pourrait être « pour votre bien »

Pour le retour après de longs mois d’absence, un article sur le peuple. Je suis assez inspiré des grands théoriciens politiques anglais du XVIIe. J’aurais encore beaucoup à dire mais comme j’ai trouvé l’élan pour écrire, je me dis qu’il ne faut pas retarder trop la publication, sous peine de ne jamais « publier ». Je vous livre donc la réflexion à ce point et j’écrirais peut-être autre chose quand le vague de mes idées ce sera assemblé en quelque chose de cohérent.

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